COMMUNIQUE DE PRESSE
Evaluation des impacts des pesticides sur les abeilles :
les
Eurodéputés infligent un revers à la Commission et aux Etats membres en
refusant d’entériner le maintien de standards d’évaluation des
pesticides scandaleusement bas. Un immense soulagement pour l’Union
Nationale de l’Apiculture Française.
Aujourd’hui,
le mercredi 23 octobre 2019 à Strasbourg, les parlementaires européens
se sont opposés, à une écrasante majorité, à la proposition de la
Commission européenne de maintenir des règles d’évaluation totalement
obsolètes des impacts des pesticides sur les abeilles. C’est un immense
soulagement pour le monde de l’apiculture !
Rappel des faits :
En
2012, l’agence européenne de sécurité alimentaire, l’EFSA, a pointé du
doigt les « faiblesses majeures » de l’évaluation de l’impact des
pesticides sur les abeilles.
L’année suivante, en conséquence de son avis de 2012 et pour aligner l’évaluation sur les nouvelles exigences règlementaires,
l’EFSA a fait une proposition de nouveau document d’orientation
contenant les méthodes à mettre en œuvre pour évaluer les effets des
pesticides sur les abeilles domestiques et sauvages, notamment en
ajoutant la toxicité chronique, larvaire et les effets sublétaux des
pesticides.
Depuis
2013, soit depuis 6 ans, la Commission n’est pas parvenue à faire
avaliser ce document de l’EFSA par les Etats membres de l’Union
européenne.
Fin
2018 et courant 2019, pour aboutir sur ce dossier et afin d’obtenir un
consensus parmi les Etats, elle a progressivement amputé le document de
l’EFSA de ses avancées majeures. Commission et Etats membres se sont
ainsi mis d’accord :
- Pour
ne pas évaluer la toxicité chronique des effets des pesticides sur les
abeilles, alors que selon l’EFSA, la toxicité à long terme peut dépasser
les prédictions fondées sur les essais à court terme ;
- Pour
ne pas évaluer les impacts sur les abeilles sauvages, alors que des
tests sont disponibles pour certaines espèces et que l’on connait le
déclin alarmant des pollinisateurs sauvages.
Les
Etats membres et la Commission ont donc fait sciemment le
choix d’occulter tout un pan des connaissances scientifiques actuelles
bien que le règlement sur les pesticides exige de fonder les décisions
sur « l’état actuel des connaissances scientifiques et techniques ».
C’est
cet arbitrage scandaleux que la Commission a soumis au Parlement
européen et qui a fait l’objet d’un vote décisif aujourd’hui à
Strasbourg. Nos Eurodéputés ont ainsi refusé de valider les évolutions
réglementaires insuffisantes proposées par la Commission (533 voix pour
l’objection – 67 contre – 100 abstentions). Ils ont également demandé à
la Commission et aux Etats de revoir leur copie « sans tarder » en
incluant toxicités chronique et larvaire pour les abeilles et la
toxicité pour les abeilles sauvages.
Commentaires de l’UNAF :
Selon
une étude allemande de 2017, 75% des populations d’insectes volants ont
disparu en un quart de siècle. Et chaque année, les apiculteurs
subissent un taux annuel de mortalités de leurs colonies de 30% en
moyenne.
Face
à cette proposition inacceptable de la Commission, le Parlement
européen a donné une réponse à la hauteur des enjeux, pour la
biodiversité et pour la pollinisation de notre alimentation. Depuis
plusieurs mois, apiculteurs et ONG environnementales faisaient face avec
désolation à un processus décisionnel opaque vidant de sa substance le
document le plus abouti à ce jour pour évaluer les impacts des
pesticides sur les abeilles.
Pour
Gilles Lanio, Président de l’UNAF, « le Parlement européen siffle enfin
la fin de ce jeu de dupes, dans lequel les pouvoirs publics auraient
voulu continuer de faire croire que les pesticides étaient correctement
évalués. C’est une victoire pour l’apiculture, mais la Commission doit
encore la concrétiser. C’est aussi une victoire pour la démocratie et la
transparence des décisions. »
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Début septembre, lors de la 46ème édition d’Apimondia à
Montréal, l’UNAF a eu la chance de présenter aux apiculteurs et
scientifiques du monde entier 25 ans de combat contre les insecticides
systémiques. Il aura fallu 25 ans de bataille scientifique, juridique et
médiatique pour aboutir à l’interdiction totale des insecticides
néonicotinoïdes et du fipronil en France. Une première mondiale. Mais le
combat contre les pesticides toxiques pour les abeilles est loin d’être
terminé...
Si les néonicotinoïdes sont les pesticides les plus toxiques pour les
pollinisateurs, ils ne sont pas les seuls en cause dans le phénomène de
mortalité des abeilles : la France, premier pays agricole de l’Union
européenne, se situe au troisième rang mondial pour la consommation de
pesticides, et cela est un facteur prépondérant de l’affaiblissement et
des taux de mortalité alarmants des abeilles.
L’UNAF s’est engagée avec énergie dans le combat difficile contre les
néonicotinoïdes. Elle a initié de nombreuses actions juridiques. Depuis
1998, l’UNAF est intervenue dans plus de 20 procédures judiciaires
contre les autorisations de ces insecticides toxiques, leurs producteurs
ou le gouvernement français.
Elle a également médiatisé ces phénomènes pernicieux de mortalités :
manifestations d’apiculteurs réunissant toute la filière, campagne de
sensibilisation du grand public au travers du programme « Abeille,
sentinelle de l’environnement » ®, mobilisation des élus, etc.
L’UNAF demande l’interdiction des insecticides néonicotinoïdes : ces
produits sont néfastes pour les pollinisateurs, mais également pour un
ensemble de composantes de la biodiversité comme des études de plus en
plus nombreuses en attestent.